Extrait du discours prononcé devant l'Académie suédoise le 7 décembre 2000 par Gao Xingjian, prix Nobel de littérature.
La raison d'être de la littérature.

"...se parler à soi-même constitue le point de départ de la littérature, communiquer au moyen du langage vient en second.Lorsque l'homme injecte ses sentiments et ses réflexions dans le langage, puis qu'il recourt à l'écriture, alors naît la littérature. Lorsque, ensuite, sans visée utilitaire, et sans même penser jamais être diffusé, il continue cependant à écrire et recueille du plaisir grâce à l'écriture, et même un dédommagement, c'est déjà une récompense."

Dans Au plus près du réel (dialogues avec Denis Bourgeois) on peut lire:

D.B. Je pense que tant qu'on a d'autres moyens de communiquer, on n'écrit pas.Il faut se sentir complètement démuni de toute autre possibilité pour se mettre à écrire.
G.X. L'écriture, pour moi, c'est un moyen de supporter l'existence. Si cette vie peut avoir quelque valeur, c'est uniquement parce que je le constate par mon écriture: je me sens bien vivant, je peux avoir mon indépendance. Dans l'écriture, je dis ce que je pense. Dans la vie, par contre, ce n'est pas possible.

G.X. Si on a envie d'écrire, c'est bien parce qu'on garde une curiosité pour cette vie; c'est déjà pas mal. Ça montre qu'on conserve une certaine vitalité, sinon il n'y a plus qu'à se suicider.
D. B. Ce qui est paradoxal, c'est qu'en écrivant, on cherche quelque chose comme l'essence du réel tout en sachant qu'elle n'existe pas, que le "réel" est toujours à surgir là ou on ne l'attend pas.
G. X. Écrire, c'est vouloir sentir de plus près ce réel, même s'il reste mystérieux.
...On doit capter ce qui n'est pas dit, ce qu'on peut observer; cette curiosité, cette soif...
Ceux qui veulent écrire, ce sont souvent les gens qui plus sensibles que les autres. Cette sensibilité devient tellement fine que ça devient une obsession. L'obsession de saisir cette sensibilité, de rendre visible cette sensibilité.


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