Cettre lettre a été publiée dans le numéro 100 de la revue Moebius. Lettre inutile à Monsieur Christian Bobin. Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent, c’est pour toujours. La plus que vive . Monsieur Bobin, Ce matin, j’ai couru après mes mots que je ne trouvais plus. Harcelée, j’étais harcelée de mots. Je les ai cherchés partout. Feuillette et feuillette, ici, là, constante, fébrile, à la folie. Enfin, ils sont là, dans votre livre « Autoportrait au radiateur » que je relis. À même vos pages, à l’orée de vos mots j’écris : De minuscules feuilles de chêne frissonnent. Il me semble les voir pour la première fois. Des chênettes brillantes, diaphanes, fripées, veinées comme la peau d’un nouveau-né. Des soupirs me viennent comme si l’enfant avait trop longtemps pleuré. J’écris n’importe où, n’importe quand, au moment le plus inattendu. Imaginez des mots qui me pressent, qu’il faut absolument que j’écrive. Ils me viennent
Cette nuit nous avons eu des éclairs et du tonnerre. On pourrait penser que nous vivons sous les tropiques. Ce matin il fait soleil. Voyez la pluie sur les hostas. Coco profite du soleil même ses fébrisses captent tous les rayons.
« j'étais seul en haut de l'escalier j'avais six ans j'espérais que le jour allait tout remettre debout » « j'agite quelques fragments de vie » « je fouille les phrases et les apparences je m'assieds au bord de moi m'enracine dans ce regard » « la solitude est une auberge où personne ne s'arrête »
Commentaires