Jean-Jacques Pelletier

 Questions d'écriture.


Si décider d'écrire est une étape, savoir à qui on va s'adresser en est une autre. Tout aussi nécessaire pour l'écriture. Un auteur, qu'il le sache ou non, qu'il le veuille ou non, choisit ses lecteurs. Par ses choix d'écriture, il décide qui va avoir de l'intérêt à lire…


… la fiction demeure l'endroit le plus supportable.


J'écris parce que la maitrise des mots représente un pouvoir et que ce pouvoir peut, dans certains cas, faire une différence.


J'écris parce que j'ai peur. J'écris pour ne pas mourir. J'écris pour respirer. J'écris pour digérer. J'écris pour me construire un ersatz d'identité. Et j'écris pour meubler le désert. Pour ne pas être seul.


Si j'écris, c'est pour reposer du hasard, de l'incohérence, de l'inachèvement et de la futilité.


... je suis cet enfant revu et corrigé…


j'écris donc pour ne pas avoir peur, dans un monde incohérent où n'importe quoi peut arriver, surgir ou disparaître sans raison, où rien n'est nécessaire, à commencer par ma propre présence, puisque je peux disparaître à tout moment. Puisque je peux mourir.

 Aparté de moi. J'ai eu de nouveau cet envie d'écrire avec la pandémie. Tout à coup, j'ai réalisé que j'avais vieilli que j'étais vieille. Je n'ai pas eu le choix, on nous l'a tellement dit, qu'on était vieux. J'ai réalisé que j'avais perdu beaucoup d'années à me regarder le nombril. Depuis ce temps je suis en état de panique. Je ne sais plus à quels saints me vouer. Je ne sais plus vers quel genre me tourner. Je m'éparpille. Je ne veux pas renoncer. Lettres, nouvelles, poésie, haïkus, carnets. Je lance des perches un peu partout. À certaines personnes, mais je suis finalement toujours seule face à mon problème.


J'écris pour ne pas mourir. Bien sûr, je sais que le monde est un abattoir et que nous sommes tous condamnés. Personne ne sort vivant de la vie. Tout le monde le sait. 


Je ne suis pas encore tout à fait une vieille chose, mais je dois me faire à l'idée que je vais bientôt devoir apprendre l'art subtil d'apprêter des restes.


Il faut vraiment un très curieux mélange de patience et de sentiment d'urgence, d'humilité sincère et d'orgueil insensé pour persévérer dans l'écriture.





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