Tomas Espedal : Marcher

J'ai tardé à noter mes impressions sur ce livre. J'ai relevé beaucoup de mots intéressants, d'idées qui me parlent. Soudain, je me suis sentie paresseuse. Copier ces bouts de phrases, ces paragraphes et cet envie de dire bof qu'est-ce que ça donne.

Marcher (ou l'art de mener une vie déréglée et poétique)

Contrairement à Tesson ou Bleys qui sont très sérieux dans leur démarche, Espedal semble plutôt fantaisiste. Il marche vêtu d'un complet et chaussé de Doc Martens.

J'ai aimé ce besoin ne pas être trop sage, de partir, de laisser tout derrière. Enfin c'est ce que j'ai perçu.

Ce livre est en quelque sorte un carnet littéraire, Espedal convoquent plusieurs écrivains qui se sont adonnés à la marche: Rousseau, Hölderlin, Heidegger, Chatwin, D. H. Lawrence, George Orwell, Dorothy Wordsworth, Virginia Woolf.


« Rêver de disparaître. De se volatiliser. De franchir un jour la porte pour ne plus jamais revenir. Rêver de devenir un autre. De quitter ses amis et sa famille, quitter son moi et devenir un autre ; rompre tous les liens, abandonner sa maison et ses habitudes, ses possessions et sa tranquillité, ses perspectives d’avenir et ses ambitions et devenir un étranger. » p. 22

« ... comme je suis fatigué de voyager. Comme je suis fatigué de rester à la maison, comme je suis fatigué de tout. » p. 24

 « Mais il est impossible d'écrire sur soi-même. On écrit et on se cache. » p. 51

« Ce doit être le langage qui est à l'origine de la solitude … La lettre n'est-ce pas l'emblème même de la solitude ? La personne qui écrit. Seule à sa table. ... L'enveloppe jaune que l'on ferme et qu'on abandonne à son sort. On n'écrit pas de lettres pour abolir la solitude; on les écrit pour la sceller. » p. 54

« Écrire, c’est lutter contre ses propres idées ; si je sais d’avance ce que je vais écrire, et de quelle manière, je n’aurai pas le courage de l’écrire. Le processus de l’écriture doit être ouvert, il s’agit de faire ressortir la structure du livre, de faire apparaître le contenu du poème, qui est souvent plus profond que les intentions qui le sous-tendent. Est-ce que cela vaut aussi pour la prose ? Cela devrait valoir pour toute forme de littérature, répond Hildegunn Dale, poète avec qui Espedal prend un repas. » p. 71

« Les journaux de Dorothy Wordsworth font partie des chefs-d’œuvre de la littérature anglaise ; elle explore le langage et interroge sa pertinence de la même façon qu’elle s’intéresse à la pauvreté et à la nature ; dans ses observations et ses descriptions, elle développe une langue précise et détaillée qui fait d’elle un des grands peintres de la nature de son époque. » p. 112

D'autres lectures à faire ... Mon bureau est toujours plein de livres à lire.


Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

lettre inutile à Christian Bobin.

Michel Pleau : Une auberge où personne ne s'arrête

Beigbeder en bleu de mer