Mon enfant de Berlin.


J'ai commencé à lire ce livre avant mon voyage en Allemagne. Dans le bus, qui nous conduisait d'une ville à l'autre, j'ai poursuivi cette lecture.
Je me posais souvent cette question : est-ce un roman ou un récit? Quelle est la part du réel? Il est classé « roman » par la maison d'édition. Peut-être à cause de l'histoire d'amour entre une ambulancière de la Croix-Rouge et son Prince charmant russe.

J'avoue que j'attendais plus de ce livre. J'aurais voulu savoir comment se déroulait la vie d'une femme à Berlin après la guerre. Claire Mauriac écrit des lettres à ses parents, tient un journal, mais je trouve ses lettres anodines et lassantes et son journal nous renseigne peu sur sa vie et ses sentiments. En fait, je trouve que ce livre manque de profondeur, il effleure les sujets. Nous en apprenons quelques bribes à la page 231 quand Hilde raconte:

«...la chute de Berlin, l'occupation par les Soviétiques; la famine, la mort, les viols; sa chance d'avoir survécu, ne pas avoir sombré dans la folie comme tant d'autres. Elle raconte encore le retour des hommes, leur refus d'entendre l'enfer enduré par les femmes`le silence désormais imposé aux Berlinoises; l'obligation qui leur est faite d'oublier.»

Mais, nous ne savons pas ce qu'elle raconte...

Claire a 27 ans en 1944. Elle est la fille de François Mauriac. Elle travaille comme ambulancière à la Croix-Rouge française à Béziers. Elle aime son travail. Et surtout, elle n'est plus la fille de François Mauriac. S'appeler Claire Mauriac est parfois difficile à porter.

« Au volant de son ambulance, quand elle transporte des blessés vers des hôpitaux surchargés, elle sent vivre, pour la première fois de sa jeune vie. Une vie sans passé, sans futur. Une vie au présent.
» p. 11

Ne nous méprenons pas, elle aime profondément sa famille (ses parents , deux frères, une soeur) et son fiancé Patrick, mais elle étouffe. Comment vivait une jeune fille de bonne famille en ce temps-là? On espère en savoir plus sur le sujet.
Quand sa mission se termine et qu'elle retourne à Paris, son travail à la Croix-Rouge ne semble pas tellement important aux yeux de son père et de ses frères et elle en souffre.

«Depuis son retour, elle peine à trouver sa juste place dans sa famille, dans le groupe encore clairsemé de ses amis. D'ailleurs, tous et toutes sont très occupés et de ce fait indifférents à ce qu'elle vient de vivre au sein de la Croix-Rouge. C'est particulièrement le cas avec son père et ses frères. Sa participation, même minime, à la Résistance n'a pas suscité l'admiration qu'elle souhaitait et dont elle a tant besoin.» p.38

Que faire à Paris? Son désarroi est grand. Attendre le retour de Patrick. Elle en a nullement envie. Elle hésite. Elle essaie de se raisonner. Elle sait qu'elle ne l'aime plus. Quand on l'appelle, elle accepte une mission en Allemagne du nord et puis à Berlin en ruine. C'est là qu'elle fera la rencontre de son prince charmant : Yvan Wiazemsky, prince d'origine russe, émigré en France au moment de la Révolution. Il ne connaît pas le célèbre François Mauriac.

«Quand Claire quitta le bureau pour rejoindre son étage, elle avait envie de chanter de joie dans l'escalier: elle venait de rencontrer enfin un homme qui ignorait l'existence de son illustre père et pour qui la littérature, les livres ne comptaient pas. Cette situation si nouvelle l'enchantait.»

Elle n'est plus la fille de François Mauriac. François Mauriac est le père de Claire. Mais, celui-ci se méfie du choix de sa fille. Il va jusqu'à contacter Henri Troyat ex-russe et exilé comme Wia. Le mariage aura lieu et comme dans les bons romans naîtra un enfant à Berlin. Claire voudra un garçon, mais une fille viendra au monde.

«L'accouchement se passe mal... Quand on lui dit que l'enfant est sauvé, que c'est une petite fille maintenant en parfaite santé, elle refuse de la voir. « Tout ça pour ça !» proteste-t-elle en se tournant du côté opposé et en sombrant dans un profond sommeil.»

Cette enfant se nomme Anne du nom de l'auteur de ce livre.


Commentaires

Venise a dit…
En autant que vous ayez préféré votre voyage en Allemagne à ce (faux) roman.
Ginette a dit…
Bonjour Venise,

J'ai en effet aimé mieux mon voyage.
Nous espérons y retourner mais nous ne voyagerons pas de la même façon.
Nous ciblerons certaines villes et nous nous attarderons surtout sur le moderne des villes. Là, c'était sur l'ancien temps reconstruit.
Venise a dit…
Alors, si vous êtes prête à y retourner, c'est que vous avez vraiment beaucoup plus aimé que le roman.

Ça fait plaisir à entendre.

Messages les plus consultés de ce blogue

lettre inutile à Christian Bobin.

Michel Pleau : Une auberge où personne ne s'arrête