Martin Winckler : Atelier d'écriture 2
Atelier2 : Martin Winckler
Mes vacances dans…
Ce matin, je sens un élan.
Ce matin, il faut que j’écrive le trou de l’autruche.
Mes vacances comme l’autruche. Dans son trou.
Comme on dit faire l’autruche, ou mettre sa tête dans le
sable comme l’autruche.
Là, j’apprends que l’autruche
ne met pas sa tête dans un trou quand elle a peur. C’est une légende. Pline
l’Ancien parlait un peu au travers son chapeau. Mais l’oiseau pond ses œufs
dans le sable. Papa creuse un trou jusqu’à 30 cm de profondeur. Maman pond ses œufs
dans le trou. Papa couve les œufs, maman nettoie le nid et tourne les œufs.
Maman a régulièrement la tête dans le trou. Un observateur éloigné pourrait
croire qu’elle se met la tête dans le sable. Ben, il n’en n’est rien. Car, elle
n’a pas besoin de se mettre la tête dans le trou quand elle est effrayée. Struthio
s’enfuit à toutes jambes quand elle a peur. Elle peut atteindre jusqu’à 70km
heure pour s’éloigner du danger et son coup de pied peut même tuer l’humain.
Au fait, pourquoi je voulais
mettre ma tête dans le sable ? Et surtout, pourquoi je voulais aller passer mes
vacances dans ce trou qui existe sans exister ? Me faire toute petite, revenir
à l’état d’embryon, me retrouver au centre de l’œuf. La douceur, la chaleur de
la couvaison. Le nirvana des premiers jours de l’être. Toute la vie devant soi,
à recommencer, à poursuivre muette et vierge. Sans complication.
Illusion, mirage que cette
histoire d’œufs.
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