Les accoucheuses Anne-Marie Sicotte

Je viens de finir de lire Les accoucheuses tome 1 (La fierté) de Anne-Marie Sicotte : une grosse brique de 866 pages. Je ne pensais pas que j’aurais ce courage. J'étais contente que les caractères soient gros. Il est évident que j’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai présentement en main le tome 2 qui est tout aussi volumineux.

Tout (relatif, mettons beaucoup) le monde parle de ce livre : un bestseller québécois. Il faut être patient pour l’avoir à la bibliothèque. Il fallait que je lise ce livre pour savoir qu’est-ce que c’était au juste. Disons qu’on ne qualifierait pas ce livre de grande littérature et encore une fois tout est relatif : Balzac, Zola : comment étaient considérés ces écrivains ? Des écrivains qui décrivent la société française de leur époque. Et bien Anne-Marie Sicotte décrit la société canadienne (Province du Canada), la vie des femmes, au I9ième siècle c’est-à-dire vers 1845-48 sur notre continent. La trame historique est véridique mais les personnages sont inventés. Le livre est très bien documenté. On se rappelle tellement mal notre histoire…L’histoire me semble le parent pauvre de l’instruction que nous avons reçue. En tout cas, j’ai le goût de refaire mes classes, de fouiller un peu plus. Et je trouve que nous ne sommes pas orgueilleux. Nous bâtissons, nous vivons l’histoire : mais savons-nous comment nous en sommes arrivés là, connaissons-nous tous les combats.


Immédiatement, on s'attache aux personnages de Léonie et Flavie.

Simon est instituteur et le père, Léonie accoucheuse et la mère . Ils ont trois enfants : Laurent , Flavie et Cécile. Flavie suit les traces de sa mère malgré l'Église .

Je n'ai pas pu faire autrement que de revenir en arrière dans ma propre vie.

De revoir comment tout se passait quand j'étais plus jeune.

J'ai été surprise de voir comment la pensée était libérale (du moins chez certaines personnes ou familles) en ce temps-là, malgré l'Église. Et je trouve qu'un siècle plus tard la pensée n'avait pas beaucoup évolué ou n'avait évolué que très lentement.

Ici, je parle de la sexualité : il faut faire une distinction entre la bourgeoisie et les gens du peuple comme il est dit. La bourgeoisie est plutôt coincée i.e. les relations entre jeunes gens se résument en du marivaudage.

Chez les gens du peuple on passe aux actes, on se touche. En tout cas Flavie sait comment faire pour retirer du plaisir sexuel sans devenir enceinte. Moi, quand j’avais cet âge, je croyais qu’à regarder un garçon je pouvais devenir enceinte. Aucun spectre d’enfer ou de péché derrière tout cela. Est-ce que l’auteur exagère un peu ?

Je suis un peu paresseuse. Je voulais copier des extraits qui m'avaient ...disons...rappelés des souvenirs ou émus mais je n'avais pas envie de tout copier c'est pourquoi j'ai photographié ces extraits. En cliquant dessus, on peut rapprocher et lire.


L'influence intempestive du clergé.






Le contexte des autres extraits :

Flavie la fille de Léonie veut devenir sage-femme. Sa mère l'initie à cette profession. Flavie et Léonie se font regarder de travers car les médecins croient posséder toute la science. Ils ont aussi peur que les sages-femmes deviennent trop importantes . Une sage-femme, femme du peuple, avait aussi la réputation d'avoir des moeurs légères. Léonie ouvre une école pour sages-femmes . Elle accepte que les étudiants en médecine viennent apprendre comment mettre des enfants au monde. Flavie a envie d'aller plus loin, d'en connaître plus sur son travail. Secrètement, elle aurait envie de devenir médecin. Léonie fait un marché avec l'école de médecine pour que Flavie puisse assister à des dissections de cadavres. Tout se fait en cachette car on ne saurait accepter des femmes à ces dissections : questions de pudeur, de résistance et de petit cerveau des femmes. De plus, un étudiant en médecine, qui vient de la bourgeoisie essaie de séduire Flavie, cette fille du peuple. Ses intentions laissent assez à désirer... Alors pour Léonie, le vase déborde car Simon, son époux, qui est très ouvert et tolérant d’habitude, lui reproche d'avoir mis sa fille en danger.




Il est aussi question du développement du féminisme.

J'ai lu des interviews d'Anne-Marie Sicotte et un point a retenu mon attention:

Encourager les auteurs québécois ! Ceux et celles des autres pays n'ont pas besoin de vous pour vivre, mais nous, oui ! C'est seulement en écrivant sans relâche que j'ai réussi à atteindre le niveau où je suis actuellement. Aurais-je pu écrire en vase clos pendant trente ans ? La réaction du public est essentielle pour nous forger en tant qu'auteur, pour nous mettre sous le nez nos forces et nos faiblesses. Et pour écrire, il faut pouvoir en vivre ! Si nos éditeurs ont une grande responsabilité à ce niveau (de meilleurs droits d'auteurs), le public lecteur en a une très grande également.

Il y aura une suite quand j’aurai fini le deuxième tome.

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