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Mon nom est personne

 J'ai lu l'article de Josée Blanchette : Mon nom est personne, confession d'une chômeuse, et je me suis sentie visée.
Pourtant, chômeuse, je ne suis pas. Je suis seulement retraitée.

«J’erre dans les limbes d’un monde zombie, sans carte d’affaires, sans destination précise après mes deux cafés du matin, sans identité non plus. Si tu ne peux pas répondre à la question “ Vous faites quoi dans la vie ? ”, tu n’es plus grand-chose, tu deviens invisible aux yeux des affairés, des marathoniens.»

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Aujourd'hui, je peux ajouter cet article:

Car il paraît qu'on étudiera la question. Nous rendre moins invisible serait déjà bien.

J'ai lu un autre article qui disait qu'on devait diminuer notre consommation de viande rouge. Et oui, vous pouvez allonger votre vie en vous pliant à cette consigne. Et moi de penser à quoi pourrait me servir de vivre 5 ou 10 ans de plus quand mon nom est personne.

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Vieillir mieux Pour des états généraux sur la vieillesse


PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Nathalie Collard
NATHALIE COLLARDLA PRESSE

Comme un électrochoc, la pandémie nous a révélé les fragilités de la société québécoise. Parmi elles, la situation des personnes âgées de 65 ans et plus.

Publié hier à 5h00
      
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D’ici 2066, les vieux représenteront près du tiers de la population québécoise. Un changement démographique de cette ampleur, ça se prépare. Qu’il s’agisse de nos soins de santé, du monde du travail, de l’impact sur nos finances publiques, de l’aménagement de nos rues et de nos villes, et même de nos attitudes, nous accusons un sérieux retard dans tous ces domaines.

Honnêtement nous avons une vision de la vieillesse qui manque cruellement de créativité et d’imagination. Et qui ne correspond plus à la réalité. Car aujourd’hui, les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Les chercheurs parlent même d’une seconde adolescence qui se produirait entre 50 et 75 ans.

Or lorsque nous parlons des vieux, nous les enfermons dans un bloc monolithique. Comme si à compter de 65 ans, on entrait dans le long corridor de l’oubli qui nous mène tout droit au cimetière.

Rien n’est plus faux.

En Angleterre, le quotidien The Guardian consacre d’ailleurs une chronique aux gens qui ont changé de vie après 60 ans : réorientation, retour aux études, changement de carrière. Ils sont nombreux à entreprendre une « seconde » vie. Ces jours-ci, la publicité télévisée d’un centre d’entraînement sportif montre un homme aux cheveux blancs qui se dirige avec entrain vers le gym. Une autre publicité gouvernementale, à la radio cette fois, nous rappelle la riche contribution des personnes âgées qui font du bénévolat.

Bref, il est temps de cesser de voir les personnes âgées comme des êtres vulnérables qui vivent en marge de la population active. Les vieux font partie de la société, ils y contribuent. Et toutes les études le disent : quand notre vie a un sens, on vit plus longtemps et en meilleure santé. Il faut en prendre acte. Le Québec est mûr pour une réflexion collective sur ce que ça signifie vieillir aujourd’hui.

Il est temps pour notre gouvernement de tenir des états généraux sur la vieillesse.

Dans 10, 20 ou 30 ans, les vieux seront probablement encore plus différents que ceux qu’on côtoie aujourd’hui. Plus instruits, plus en forme, à l’aise avec la technologie et les réseaux sociaux, plus épicuriens, plus autonomes… ils vont bouleverser en profondeur notre conception de la vieillesse. Et ils auront d’autres besoins que ceux auxquels on tente de répondre aujourd’hui.

Fini le « manger mou » dans les résidences et les jeux de bingo ! Qui sait, ils revendiqueront peut-être le droit de fumer leur joint en écoutant leurs vieux albums de Jean Leloup ou des Cowboys Fringants ? Ils demanderont à leurs médecins autre chose qu’une montagne de pilules pour gérer les petits bobos qui viennent avec l’âge. La vérité c’est que tout reste à inventer.

Durant la pandémie, nous avons empêché les personnes âgées de contrôler leurs propres vies. Redonnons le pouvoir aux vieux de décider pour eux-mêmes !

Lors de ces états généraux, il faudra donner la parole à tous les acteurs de la société, pas seulement aux gestionnaires de CHSLD et de la santé. Convions le monde des arts, de l’éducation, de l’habitation, de l’alimentation, du voyage, des loisirs. Et convions les futurs vieux, ceux qui ont 40 et 50 ans aujourd’hui, afin qu’ils partagent leur vision de la vieillesse.

Car c’est ça, la vraie question. Comment voulons-nous vieillir ? Finissons-en avec l’infantilisation, la discrimination et le vague mépris qu’on réserve aux personnes âgées.

Il est temps de reconnaitre qu’à 65, 75, 85 ou 95 ans, on peut encore contribuer à la société. Et que la société est plus riche de cette contribution.

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