Frédéric Beigbeder, Un barrage contre l'atlantique

Voilà,  Bebede,

en prononçant son nom de cette façon, on ne se trompe pas beaucoup. J'ai écouté plusieurs interviews et j'en suis venue à cette conclusion.

Je lis Beigbeder pour la première fois.

Donc, je n'ai pas lu Un roman français tome 1


L'idée de distancier les phrases me plaît.

Comme lui le fait.

Il a écrit ce livre pendant la pandémie.

« Écrire ce livre est non seulement un geste de survie, mais une tentative pour restaurer le prestige de la phrase nue. » p. 26



Une petite phrase d'atomes crochus.

« quand on a la flemme de tout, cela s'appelle un burn-out ou juste la vieillesse. » p. 32



« Ce qui donne envie d'écrire un livre, c'est un soif non étanchée. »

À qui le dites-vous ? Des années que j'ai soif.



« Lire c'est attendre que des mots apportent une réponse qui ne vient pas.

Le plaisir de la lecture se délecte de ce désir inassouvi.» p. 37

Je lis, je suis un gouffre sans fond.

Et j'attends l'idée merveilleuse. 

J'emmagasine des mots. 

Toujours plus de mots.

Mon lexique vient de loin. 

De l'enfance.

De l'enfance boulimique de livres.

Toujours plus de lecture.

Les recracher pour écrire.



« Il s'agit par l'écriture de vaincre le blanc.

Une phrase ce sont des mots qui gagnent une bataille contre le néant. 

Lire « Phrases» permet de comprendre ce qu'est la littérature : la victoire de l'encre sur le vide. » p. 42



« Je ressens une joie d'écrire au-delà du sens, un plaisir du jeté de la phrase sur le papier qui me semblait perdu, oublié à tout jamais.

Libérés du poids du roman, les phrases se promènent dans la blancheur avec une énergie indomptable ; leur inutilité fait leur force. » p. 45

Je n'ai pas encore écrit de romans. 

Toujours impressionnée par le nombre de mots à aligner.

Des mots qui souvent se répètent ou disent les choses autrement.

Le fragment semble une bonne solution pour moi.



« Quand on compare ses souvenirs avec ceux de ses proches, on s'aperçoit que la mémoire est une promesse fragile; nous ne sommes pas maîtres de ce qui restera, et rien n'est plus fluctuant que le passé.

Le passé est mobile, profond, pollué et insondable comme l'océan. » p. 81

Les deux plus gâté ont coupé les liens ; l'une est décédée avec son secret, l'autre ne vit que dans la rage. »




Il se raconte, il se souvient de son enfance avec ses parents, avec son père et son frère, ses amours de lycéens, sa relation avec les femmes.

Je lis et j'oublie la distanciation.

Je lis BBD et il me semble qu'il a vécu à la même époque que moi. 

Et pourtant...


« C'est tellement difficile de parler à quelqu'un : je préfère écrire, c'est plus simple. » p. 154

Il faudrait d'abord que la personne nous écoute.

La plupart du temps c'est l'autre qui parle.

Quand l'autre dit et puis toi ?

Surprise, je n'ai rien à dire.

- On fait aller.

Et elle de reprendre de plus belle son soliloque profitant d'une oreille attentive.



« Si je ne note pas une phrase, elle est perdue. » p. 184

Ah ! Ah! Comme dirait ma petite fille en guise de réponse. 

Je pense que tous les scribouillards sont comme ça.


« Les corps impatients mais impatients de quoi ? De mourir ? De vivre ? Ou de savoir quoi faire entre les deux ? »p. 198


À partir de la page 214, le temps s'étire. 

Une petite envie de fermer de livre et de passer à autre chose.

J'ai fini ma lecture et j'ai bien fait. J'en sais plus sur  cap Ferret, la baie d'Arcachon, la dune de Pyla et sur la folie (si je peux m'exprimer ainsi) de Benoît Bartherotte qui essaie de sauver tout ce patrimoine marin.

J'aurais le goût de revoir tout ça.



 https://www.bing.com/videos/search?q=bartherotte&&view=detail&mid=C7794714885E0F3AEA4EC7794714885E0F3AEA4E&&FORM=VDRVSR





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